RSE Santé et nutrition

Les produits laitiers dans une alimentation saine et durable

Sans aucun doute, la dégradation de l’environnement et le climat changent. De nouveaux modes de consommation apparaissent, de nouveaux régimes alimentaires deviennent tendance. Mais sont-ils des solutions pour faire face à ces changements ? Qu’est-ce que l’alimentation durable ?

Selon la définition de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les régimes alimentaires durables vont au-delà de la nutrition et de l’environnement pour inclure des dimensions économiques et socioculturelles.
Les régimes alimentaires durables sont des régimes à faible impact environnemental qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures. Les régimes alimentaires durables sont protecteurs et respectueux de la biodiversité et des écosystèmes, culturellement acceptables, accessibles, économiquement équitables et abordables, nutritionnellement adéquats, sûrs et sains, tout en optimisant les ressources naturelles et humaines.[1]

 

alimentation durable

Figure 1 : Représentation schématique des 4 composants clés d’un régime durable (adapté de FAO 2010)[1]

 

Les régimes alimentaires durables vont au-delà de la nutrition et de l’environnement pour inclure des dimensions économiques et socioculturelles.

En 2012, un groupe de recherche français a montré une forte corrélation positive entre les quantités d’aliments consommés et les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 1918 adultes participant à l’enquête diététique nationale française[2]. Lorsque les apports caloriques totaux étaient réduits pour répondre aux besoins énergétiques individuels, les GES associés à l’alimentation diminuaient soit de 10,7 %, soit de 2,4 %. Il est donc essentiel de combiner alimentation et impact environnemental.

Cependant, derrière ce concept, la complexité d’une alimentation durable et l’approche holistique requise pour évaluer la durabilité de l’alimentation sont entravées par le manque de bases de données complètes compilant les paramètres alimentaires pertinents.

 

L’alimentation durable : un équilibre difficile entre environnement, santé et habitudes.

 

En 2019, 37 scientifiques se sont réunis pour répondre à la question de l’alimentation durable. La commission EAT-Lancet a défini 4 “régimes alimentaires sains” (flexitarien, pescatarien, végétarien et végétalien). Ils doivent apporter une contribution élevée de végétal (68% du poids et 65% de l’énergie) et de faibles quantités de produits animaux (25% du poids et 12% de l’énergie). Le rapport de la Commission EAT- Lancet décrit un régime de référence sain et universel , développé dans le but de fournir une base pour estimer les effets sur la santé et l’environnement de l’adoption d’un régime alternatif par rapport aux régimes standards actuels[3].

 

Or, suivre le régime de référence implique des changements radicaux dans les habitudes alimentaires.

Or, suivre le régime de référence implique des changements radicaux dans les habitudes alimentaires. De plus, l’efficacité nutritionnelle du “régime sain ” ne tenait pas compte des teneurs en vitamine D, en sucres totaux et ajoutés, en acides gras trans, en DHA ou en sodium ; elle induisait de faibles niveaux de calcium, de vitamine B2 et B12 ; et elle ne tenait pas compte de la biodisponibilité des nutriments[4].
Dans le même temps, Barré et al. ont conclu que la diminution de la teneur en viande était strictement nécessaire, mais que la réduction était moins importante lorsque la biodisponibilité des nutriments et les liens de coproduction étaient pris en compte[5]. La Commission EAT-Lancet a indiqué une valeur théorique de 718 mg de calcium pour le régime de référence, une valeur très faible par rapport à celles rapportées dans toutes les recommandations nutritionnelles. En outre, il est très important de souligner que James et al. ont estimé que, dans la population adulte (plus de 25 ans), 22 % du total des décès (11 millions au total) et 15 % des années de vie corrigées du facteur invalidité (255 millions au total) dans 195 pays différents sont attribuables aux risques alimentaires, pour les maladies non transmissibles, notamment une faible consommation de fruits, de légumes, de légumineuses, de céréales complètes, de noix et de graines, de lait, d’acides gras n-3 de fruits de mer, d’acides gras polyinsaturés n-6 (AGPI), de calcium et de fibres[6].

 

Alimentation durable et efficacité nutritionnelle

 

Dans l’étude diététique française INCA3, concernant les vitamines et les minéraux, les produits laitiers sont des vecteurs importants de calcium, d’iode, de vitamine D et de vitamine B12, en particulier chez les enfants âgés de 1 à 10 ans (58%, 44%, 63% et 39% respectivement)[7]. Chez les adultes et les personnes âgées, dans la population néerlandaise, la contribution des produits laitiers à l’apport total en micronutriments était de 65%-68% pour le calcium, 18%-19% pour le sélénium, 3%-4% pour le fer, 28%-31% pour le zinc, 6%-7% pour le cuivre, 17%-19% pour l’acide folique, 10%-14% pour la vitamine C, 11%-16% pour la vitamine D et 44%-46% pour la vitamine B(12)[8] .

 

Les produits laitiers sont des vecteurs importants de calcium, d’iode, de vitamine D et de vitamine B12.

Alimentation durable et habitudes alimentaires

 

À l’aide de l’enquête alimentaire nationale française transversale intitulée “Enquête individuelle et nationale sur les consommations alimentaires” (INCA2), Masset et al. ont identifié les régimes les plus durables déjà consommés par les gens dans la vie quotidienne. Un régime plus durable est représenté par une réduction des snacks, sucreries et desserts (16 % contre 18 % de l’apport énergétique total), des plats composés (9 % contre 12 %) et de la viande, du poisson et des œufs (14 % contre 17 %). La consommation de produits laitiers n’était pas différente entre les régimes les plus durables et les régimes moyens (10 % de l’apport énergétique total)[9]. Plus récemment, les apports alimentaires moyens en produits laitiers dans le groupe “plus durable” des pays européens étaient d’environ 250 g par jour[10].

 

La place des produits laitiers dans une alimentation saine et durable

 

Les données scientifiques ont montré que les produits laitiers ont leur place dans l’alimentation durable : ils sont abordables, ont un impact environnemental sur les gaz à effet de serre comparable à celui des plantes, et ils sont intégrés dans de nombreuses pratiques alimentaires, car ils contribuent très bien à l’apport nutritionnel en vitamines et minéraux. En tant que nutriment essentiel dans l’alimentation, les protéines composant les produits laitiers jouent un rôle central dans les recommandations diététiques. Elles ont également un rôle central dans nos vies et nos cultures ! L’élevage fait également vivre des millions d’agriculteurs et de communautés dans le monde. Les produits laitiers ont une faible densité énergétique, sont relativement peu coûteux et ont une valeur nutritionnelle élevée. Alors que les produits laitiers et les sucreries sont équivalents en termes de prix par calorie (aux États-Unis), les produits laitiers sont denses en nutriments et, par conséquent, fournissent des nutriments à un coût moindre[11].

Mangez ce dont vous avez juste besoin (et gaspillez moins) pour avoir un impact moindre sur la planète.

 

Les produits laitiers ont leur place dans l’alimentation durable : ils sont abordables, ont un impact environnemental sur les gaz à effet de serre comparable à celui des plantes, et ils sont intégrés dans de nombreuses pratiques alimentaires, car ils contribuent très bien à l’apport nutritionnel en vitamines et minéraux.

 

Une alimentation durable est un équilibre délicat, en particulier entre nutrition et environnement. À ce jour, la combinaison de l’alimentation et de l’environnement en un seul indicateur fait toujours l’objet de discussions et il n’y a pas de consensus. Le défi et les objectifs sont de développer des indicateurs harmonisés[12]. En effet, la FAO (2021) vient de lancer un appel à experts pour la Formation d’un groupe de recherche sur les méthodologies d’ACV (Analyse du cycle de vie) environnementales et nutritionnelles et la FIL (Fédération Internationale de Laiterie, 2021) vient de lancer un nouveau sujet de travail pour développer des indicateurs pour des régimes alimentaires sains dans un système alimentaire durable.

Pour savoir comment Lactalis Ingredients soutient la production d’ingrédients laitiers durables, téléchargez notre rapport RSE 2019.

 

Sources :

[1] FAO. 2010. « Sustainable Diets and Biodiversity – Directions and solutions for policy, research and actions ». 2010. http://www.fao.org/3/i3004e/i3004e00.htm.

[2] Vieux, F., N. Darmon, D. Touazi, et L. G. Soler. 2012. « Greenhouse gas emissions of self-selected individual diets in France: Changing the diet structure or consuming less? » Ecological Economics 75 (C): 91‑101.

[3]Willett, Walter, Johan Rockström, Brent Loken, Marco Springmann, Tim Lang, Sonja Vermeulen, Tara Garnett, et al. 2019. « Food in the Anthropocene: The EAT-Lancet Commission on Healthy Diets from Sustainable Food Systems ». Lancet (London, England) 393 (10170): 447‑92. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)31788-4.

[4] Springmann, Marco, Keith Wiebe, Daniel Mason-D’Croz, Timothy B. Sulser, Mike Rayner, et Peter Scarborough. 2018. « Health and Nutritional Aspects of Sustainable Diet Strategies and Their Association with Environmental Impacts: A Global Modelling Analysis with Country-Level Detail ». The Lancet. Planetary Health 2 (10): e451‑61. https://doi.org/10.1016/S2542-5196(18)30206-7.

[5] Barré, Tangui, Marlène Perignon, Rozenn Gazan, Florent Vieux, Valérie Micard, Marie-Josèphe Amiot, et Nicole Darmon. 2018. « Integrating Nutrient Bioavailability and Co-Production Links When Identifying Sustainable Diets: How Low Should We Reduce Meat Consumption? » PLOS ONE 13 (2): e0191767.
https://doi.org/10.1371/journal.pone.0191767.

[6] James, Spencer L, Degu Abate, Kalkidan Hassen Abate, Solomon M Abay, Cristiana Abbafati, Nooshin Abbasi, Hedayat Abbastabar, et al. 2018. « Global, Regional, and National Incidence, Prevalence, and Years Lived with Disability for 354 Diseases and Injuries for 195 Countries and Territories, 1990–2017: A Systematic Analysis for the Global Burden of Disease Study 2017 ». The Lancet 392 (10159): 1789‑1858. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)32279-7.

[7] ANSES. 2017. « Étude individuelle nationale des consommations alimentaires 3 (INCA 3) Avis de l’Anses – Rapport d’expertise collective ». https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2014SA0234Ra.pdf.

[8] Vissers, Pauline A. J., Martinette T. Streppel, Edith J. M. Feskens, et Lisette C. P. G. M. de Groot. 2011. « The Contribution of Dairy Products to Micronutrient Intake in the Netherlands ». Journal of the American College of
Nutrition 30 (5 Suppl 1): 415S-21S. https://doi.org/10.1080/07315724.2011.10719985.

[9] Masset, Gabriel, Florent Vieux, Eric Olivier Verger, Louis-Georges Soler, Djilali Touazi, et Nicole Darmon. 2014. « Reducing energy intake and energy density for a sustainable diet: a study based on self-selected diets in French adults ». The American Journal of Clinical Nutrition 99 (6): 1460‑69. https://doi.org/10.3945/ajcn.113.077958.

[10] Vieux, F., L. Privet, L. G. Soler, X. Irz, M. Ferrari, S. Sette, S. Raulio, et al. 2020. « More Sustainable European Diets Based on Self-Selection Do Not Require Exclusion of Entire Categories of Food ». Journal of Cleaner Production 248 (mars): 119298. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2019.119298.

[11] Drewnowski, Adam, John Finley, Julie M Hess, John Ingram, Gregory Miller, et Christian Peters. 2020. « Toward Healthy Diets from Sustainable Food Systems ». Current Developments in Nutrition 4 (nzaa083). https://doi.org/10.1093/cdn/nzaa083.

[12]Eme, Paul Eze, Jeroen Douwes, Nicholas Kim, Sunia Foliaki, et Barbara Burlingame. 2019. « Review of Methodologies for Assessing Sustainable Diets and Potential for Development of Harmonised Indicators ». International Journal of Environmental Research and Public Health 16 (7). https://doi.org/10.3390/ijerph16071184.

[13] FAO. 2021. « Formation of a research group on environmental and nutritional LCA methodologies – Call for experts ». https://www.lifecycleinitiative.org/wp-content/uploads/2021/03/Research-Group-on-environmental-and-nutritional-LCA-methods-ToRs.pdf

Partager sur LinkedIn

Auteur : Amandine Ligneul

Amandine Ligneul est responsable Recherche & Développement chez Lactalis. Ingénieure en nutrition, elle est aussi formatrice PNNS et diplômée d’un DUT de diététicienne-nutritionniste. Elle a acquis une solide expérience de plus de 15 ans dans le secteur de la nutrition, dont 12 ans en tant qu’ingénieure de recherche chez Lactalis. Elle contribue aujourd’hui à l’amélioration et au développement de produits alimentaires en fonction des besoins de chacun avec des stratégies nutritionnelles.