Effets des protéines sur les séniors
Santé et nutrition

Quelle complémentarité entre les protéines à digestion rapides et lentes chez les seniors ?

L’Organisation Mondiale de la Santé définit le bien vieillir comme une priorité mondiale. L’espérance de vie des personnes âgées continue d’augmenter dans le monde. D’ici 2050, on s’attend à ce que la population mondiale âgée de 60 ans et plus atteigne 2 milliards de personnes, contre 841 millions actuellement [1].

D’un point de vue biologique, le vieillissement est l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques conduisant à la dégradation progressive des structures et fonctions de l’organisme. Les principaux signes du vieillissement sont une perte de la vue, de l’ouïe, des altérations de la mémoire ou encore une perte de masse musculaire appelée sarcopénie.

Cependant, ce déclin n’est pas aussi linéaire et prédictible que l’on peut imaginer. Chaque personne possède sa propre trajectoire de vieillissement en fonction des différents évènements de la vie. Alors qu’à 70 ans, certaines personnes profitent encore d’une bonne santé avec de solides capacités fonctionnelles, d’autres au même âge sont fragiles et dépendantes. Pour chacun, l’objectif est alors de ne pas accélérer sa trajectoire de vieillissement. C’est dans cet objectif que l’OMS a lancé son programme « Healhty Ageing » où le maintien de la mobilité en un point crucial.

L’OMS a lancé son programme « Healhty Ageing » où le maintien de la mobilité en un point crucial

Comment maintenir ou gagner en mobilité lors du vieillissement ?

La mobilité est la clé pour vieillir en bonne santé, cela permet de réaliser les tâches quotidiennes et ainsi de perdre le moins possible en autonomie. Physiologiquement, c’est le maintien musculaire qui permet de garder une bonne mobilité. Le vieillissement entraine une perte de masse musculaire et cela dès 40 ans [2]. La pratique d’une activité physique régulière et un apport alimentaire adéquat en protéines sont les deux piliers pour prévenir cette perte de masse musculaire.

Le maintien de la masse musculaire est dépendant de l’équilibre entre la dégradation et la synthèse des protéines du muscle. C’est notre apport alimentaire en protéines riches en acides aminés essentiels qui régule, en partie, cet équilibre. Chez une personne âgée, la capacité à synthétiser de nouvelles protéines musculaires est réduite en comparaison à un adulte, c’est pourquoi les besoins protéiques sont augmentés [3]. Ces besoins vont être dépendants de l’âge et de la condition physique de la personne âgée.

Les besoins protéiques de la personne âgée sont supérieurs à ceux d’un adulte

Les besoins protéiques de la personne âgée sont supérieurs à ceux d’un adulte, cependant atteindre ces apports est un challenge majeur pour des personnes en perte d’appétit avec fréquemment des problèmes de mastication ou de dentition comme une édentation pour environ 20% d’entre eux [6]. En conséquence, tout au long de la journée leur apport en protéines est diminué [7]. Il existe deux leviers pour augmenter la prise de protéines journalière : la qualité des protéines et la répartition de la prise de protéines tout au long de la journée.

Une première approche possible pour augmenter la prise de protéines chez la personne âgée est de mieux répartir celle-ci tout au long de la journée. Des études scientifiques montrent qu’il existerait un seuil de 0.4 g de protéines / kg de poids corporel par repas pour enclencher la synthèse musculaire chez la personne âgée, ce qui correspond à environ 30 g par repas [8]. Dans la majorité des cultures, la distribution de la prise de protéines dans la journée n’est pas optimale avec un petit déjeuner souvent pauvre en protéines.

Les protéines laitières : caséines et protéines de lactosérum sont toutes les deux riches en acides aminés essentiels

Les protéines sont capables de stimuler la synthèse musculaire, mais toutes les protéines n’ont pas le même impact : les protéines riches en acides aminés essentiels comme la leucine, sont connues pour être des puissants activateurs de la synthèse musculaire. Les protéines laitières : caséines et protéines de lactosérum sont toutes les deux riches en acides aminés essentiels, et sont donc capables d’agir sur l’équilibre la synthèse/dégradation des protéines musculaires. Chaque protéine laitière à sa particularité, liée à sa structure :

– Grâce à leur structure particulière, les protéines de lactosérum sont rapidement digérées [9]. L’avantage d’une protéine rapidement digérée est qu’elle permet un afflux massif de leucine au niveau sanguin, ce qui envoie un signal au muscle et stimule la synthèse musculaire [10].
– Les caséines sont digérées plus lentement au niveau de l’estomac. Les acides aminés seront donc libérés dans le sang de manière plus progressive et pendant plus de temps que les protéines sériques [9]. Grâce à cette libération d’acides aminés plus lente, les caséines sont capables de réduire la dégradation et augmenter la synthèse de protéines musculaires [9],[11].

Conseils pratiques

La plupart des personnes âgées consomment trop peu de protéines pendant le petit déjeuner pour induire une synthèse musculaire. Consommer des protéines de lactosérum ou des caséines en complément du repas pourrait alors aider à atteindre le seuil de 30g de protéines par repas, seuil nécessaire à la synthèse musculaire. Les protéines de lactosérum associées à une activité physique est également sont une combinaison parfaite pour simuler la synthèse musculaire. Enfin, une prise de caséines au coucher permettrait de réduire la dégradation musculaire et d’augmenter la synthèse musculaire pendant le jeûne de la nuit [12].

Pour conclure, le vieillissement est un processus inéluctable mais il est possible de vieillir en bonne santé. Par la pratique d’une activité physique régulière et un apport adéquat en protéines alimentaires, il est possible de limiter la perte de masse musculaire et ainsi de maintenir la mobilité chez la personne âgée.

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Sources :
[1] World Health Organization. Bien vieillir: une priorité mondiale.
[2] Jackson, A. S., Janssen, I., Sui, X., Church, T. S. & Blair, S. N. Longitudinal changes in body composition associated with healthy ageing: men, aged 20–96 years. Br J Nutr 107, 1085–1091 (2012).
[3] Hébuterne, X., Bermon, S. & Schneider, S. M. Ageing and muscle: the effects of malnutrition, re-nutrition, and physical exercise. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 4, 295–300 (2001).
[4] Bauer, J. et al. Evidence-based recommendations for optimal dietary protein intake in older people: a position paper from the PROT-AGE Study Group. J Am Med Dir Assoc 14, 542–559 (2013).
[5] Paterson, D. H. & Warburton, D. E. Physical activity and functional limitations in older adults: a systematic review related to Canada’s Physical Activity Guidelines. Int J Behav Nutr Phys Act 7, 38 (2010).
[6] Gil-Montoya, J. A., Ferreira de Mello, A. L., Barrios, R., Gonzalez-Moles, M. A. & Bravo, M. Oral health in the elderly patient and its impact on general well-being: a nonsystematic review. Clin Interv Aging 10, 461–467 (2015).
[7] Morley, J. E. Decreased Food Intake With Aging. The Journals of Gerontology: Series A 56, 81–88 (2001).
[8] Coelho-Junior, H. J. et al. Protein Intake and Frailty: A Matter of Quantity, Quality, and Timing. Nutrients 12, 2915 (2020).
[9] Boirie, Y. et al. Slow and fast dietary proteins differently modulate postprandial protein accretion. Proc Natl Acad Sci U S A 94, 14930–14935 (1997).
[10] Devries, M. & Phillips, S. Supplemental Protein in Support of Muscle Mass and Health: Advantage Whey. Journal of Food Science 80, (2015).
[11] Trommelen, J. et al. Presleep dietary protein-derived amino acids are incorporated in myofibrillar protein during postexercise overnight recovery. Am J Physiol Endocrinol Metab 314, E457–E467 (2018).
[12] Kouw, I. W. et al. Protein Ingestion before Sleep Increases Overnight Muscle Protein Synthesis Rates in Healthy Older Men: A Randomized Controlled Trial. J Nutr 147, 2252–2261 (2017).

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Auteur : Mathilde Guerville

Mathilde Guerville est une scientifique en nutrition qui travaille au département R&D Nutrition de Lactalis. Elle est diététicienne et a complété sa formation par un doctorat en nutrition à Rennes. Elle gère des études précliniques et cliniques sur la nutrition et la santé et participe au développement de produits innovants destinés à un certain nombre de cibles dont les nourrissons et les personnes âgées. Elle est également chargée d’organiser des programmes de formation en nutrition pour le groupe Lactalis.